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Bertrand Dautzenberg: “Je pense que le cannabis n’est pas plus thérapeutique que le café”

Bertrand Dautzenberg: “Je pense que le cannabis n’est pas plus thérapeutique que le café”

Pour: Maria Olalla Activisme

Professeur de pneumologie, au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Bertrand Dautzenberg enseigne la pneumologie et la tabacologie à l’université Pierre et Marie Curie-Paris VI. Il a présidé différentes associations de lutte contre le tabac. Il est l’auteur de douze livres sur le tabac et de deux rapports pour le gouvernement sur le tabagisme passif et sur l’e-cigarette. Il soutient la légalisation contrôlée du cannabis comme mesure pour sortir de l’impasse actuel et pour faire baisser la consommation, le vrai but à atteindre, selon lui.

YWS – Quel est votre diagnostique de la situation en France autour du cannabis?

La France est totalement bloquée depuis des dizaines d’années dans sa lutte contre le cannabis qui est un produit totalement prohibé. Je suis médecin pneumologue, impliqué depuis plus de 30 ans dans la lutte contre le tabac qui connait des hauts et des bas. Mais malgré les difficultés, la combinaison des mesures prises a conduit globalement à diviser par deux la consommation de tabac et à réduire l’initiation chez les jeunes. Cette lutte est justifiée par la santé publique, car si le tabac n’a quasiment pas d’effets psychoactifs positifs c’est le seul produit de consommation courante qui tue la moitié de ses fidèles consommateurs. Ainsi la consommation de ce produit légal diminue progressivement du fait d’une combinaison de nombreuses mesures malgré le lobbying des cigarettiers.
Même si je regrette qu’en France cette baisse du tabagisme n’aille pas plus vite, je n’ai jamais demandé la prohibition du tabac: car la prohibition est totalement inefficace. La voie de la prohibition empêcherait de contrôler les produits, de contrôler les producteurs et les circuits de vente, de faire de la prévention, d’aider efficacement au sevrage du tabac. Cette voie totalement inefficace de la prohibition est pourtant la politique officielle de la France en 2017 pour le cannabis, malgré l’accumulation des preuves de son échec.
En France depuis 1991 et la loi (loi Evin) contre le tabac et l’alcool a conduit à une diminution de 50% du tabagisme (drogue légale), de 30% de la consommation d’alcool (produit légal) alors que sur la même période, la consommation de cannabis (qui est pénalisé et dont le commerce est illégal en France) a augmenté de 60%!

YWS – La prohibition c’est un échec alors?

Oui la prohibition, loin de régler le problème de santé publique l’aggrave, de plus elle pose des problèmes considérables liés au trafic. Le rêve des trafiquants de cannabis est en effet d’avoir un régime très répressif, dont le France est un des modèles en Europe. Cette loi très répressive explique que la France soit avec la République Tchèque le pays d’Europe où l’on consomme le plus de cannabis. Tous ceux qui ont un regard factuel et non moral sur le problème du cannabis en France sont en faveur de la sortie du cannabis de la pénalisation. La prohibition n’est pas une solution pour lutter contre des substances si massivement consumées par la population générale car la prohibition du cannabis favorise objectivement les trafics et les dommages du produit.
En termes de santé publique il est indispensable de lutter efficacement contre le cannabis dont la consommation régulière se repend en France. La fumée du cannabis, comme la fumée du tabac est responsable de maladies respiratoires et cardiovasculaires, de cancers. Le cannabis altère les fonctions cognitives en particulier chez les adolescents. La consommation de cannabis favorise l’émergence de la schizophrénie et comme l’alcool, augmente le risque d’accidents de circulation. Lutter enfin efficacement contre le cannabis est une nécessité de santé publique qui nécessite de sortir d’une vision purement morale qui est en échec.

YWS- Vous avez déclaré ouvertement vouloir un changement de législation. À votre avis, quelle est la voie à suivre?

La grande majorité des français admet maintenant que les 100 ans de guerre contre le cannabis sont un échec (la prohibition du cannabis date en France de 1916 !).
La majorité des français pensent qu’il faut changer la législation. Je suis pleinement en phase avec ce que veulent les français, mais j’ai peut-être été un peu plus loin que beaucoup d’entre eux les solutions possibles.
• La voie du cannabis médical séduit certains, mais n’est pas pour moi la voie la plus satisfaisante car elle laisse entendre que le cannabis est « bon pour la santé », alors que le rapport bénéfice-risque du cannabis penche clairement du côté du risque.
• La voie de la dépénalisation n’est en rien à l’ordre du jour du législateur de France, mais dans les faits les simples consommateurs ne sont que rarement poursuivis, créant un fossé entre la loi pénale et son application. La dépénalisation ne change en rien le problème de l’offre, ne permet pas de réduire les trafics, ne permet pas de réduire que partiellement les dommages, ne permet pas de développer la prévention de façon optimale, ce n’est au mieux qu’une étape, un moindre mal en regard de la prohibition actuelle.
• La voie de la légalisation contrôlée pose des problèmes juridiques car les traités internationaux l’interdisent. Les présidences chinoise et russe, en particulier, comme beaucoup d’états peu ou pas démocratiques s’opposent violemment à la légalisation et ne veulent pas ouvrir de brèches dans les traités internationaux qui interdisent ce commerce. La légalisation contrôlée, de façon similaire a ce qui existe pour le tabac, est de nature à permettre le développement de la prévention chez les jeunes, en milieu de travail et dans la société, à contrôler les produits sur le marché et à pouvoir informer les consommateurs, à réduire les dommages, à réduire les trafics et à terme de réduire la consommation. Cette voie a de loin ma préférence.
• La voie de la légalisation sans règles est soutenue par un petit nombre de consommateurs bruyants qui ne veulent aucune règle, ce qui inquiète à juste raison la majorité des français et tous les acteurs de santé publique. Dans les faits ces demandes, comme à l’opposé l’attitude morale de la prohibition sont des obstacles à évoluer vers une solution efficace de réduction des dommages du cannabis.

YWS – Dans tous les cas, le début serait déjà d’en débattre ouvertement et de pouvoir écouter toutes les voix de la société civile impliquées.

Le problème en France du débat public sur le cannabis est complexe. Voici quelques obstacles rencontrés:
1. Un tout petit pourcentage d’activistes veut la liberté totale sans aucune contrainte et font l’apologie du cannabis comme un bien universel. L’effet de leur discours est 100% contreproductif, braque la société et est un frein majeur à la légalisation du cannabis. Il est nécessaire qu’ils acceptent les compromis s’ils veulent faire bouger les lignes.
2. L’exemple des investisseurs de Wall Street ou de l’Etat du Colorado voulant développer la consommation de cannabis pour faire des profits et augmenter les recettes fiscales est une démarche non vertueuse à ne pas suivre. Il faut piloter la légalisation du cannabis au nom de la santé publique avec un pilotage de santé publique et non fiscal ou financier.
3. Les hommes politiques ont une « position noir ou blanc » dès qu’ils parlent en public et qu’une caméra est là. Quand ils sont hors micro ils acceptent de parler des nuances de gris. Les médias confisquent le débat politique sur la légalisation du cannabis et empêchent toute évolution caricaturant les positions, en simplifiant à l’extrême un débat qui nécessite de la nuance. La société civile doit imposer ce débat qui ne peut être un débat caricatural du « bien contre le mal».
4. Expliquer que l’on veut la légalisation, non pas pour favoriser mais, pour réduire la consommation est un message qui devient progressivement audible.

YWS – Pourquoi, selon vous, les médecins (et en particulière les pneumologues) sont les mieux placés pour ouvrir ce débat?

Les médecins d’organes sont plus crédibles que les spécialistes des addictions, les psychiatres ou les non médecins car ils sont moins suspects de vouloir favoriser la consommation de ces produits qui produisent des dommages. Le débat sur la prohibition du cannabis doit passer du débat moral à un débat pragmatique basé sur l’existant et les objectifs à atteindre : la réduction des dommages et de la consommation du cannabis.

YWS – La plupart des décideurs ne se prononcent pas sur le sujet de la modification de la législation de 1970 jusqu’à que les élections présidentielles approchent. Maintenant on voit sur le programme de plusieurs candidats des propositions pour réguler le marché comme l’on a fait avec la filière du tabac. Avez-vous entendu des propositions qui vous convainquent ? Quelle serait votre modèle de législation du cannabis si vous étiez décideur ?

L’important est que tous acceptent de constater que la situation actuelle n’est plus tenable. Face à cette situation intenable certains ont une attitude morale de tenir encore la ligne du 100% prohibition, d’autres acceptent de prendre en compte la réalité des faits, la réalité de ce que vivent les français au quotidien. Ils ne sont pas hostiles à une évolution profonde de la législation pouvant conduire vers une légalisation à terme. Le type exact d’évolution doit être construit près du terrain de façon pas trop théorique en s’appuyant sur les expériences étrangères les plus pertinentes.

YWS – Comme par exemple ? Le Portugal, l’Espagne, les Pays Bas, les États-Unis, l’Uruguay?

Le Portugal a dépénalisé toutes les drogues et consacre une grande partie des sommes utilisées pour la répression dans la réinsertion des consommateurs: un succès sur des décennies. L’Espagne a ouvert les « cannabis club » ou des groupes parfois importants produisent pour les membres du club et consomment entre eux: un succès là encore par rapport à la France. Les Pays-Bas ont dépénalisé l’usage du cannabis en gardant l’interdiction du commerce. Sur le plan légal les coffee-shops ont le droit de vendre, mais pas de s’approvisionner! Une situation qui laisse la porte ouverte aux circuits mafieux, mais qui a conduit à une baisse de la consommation et des méfaits du cannabis aux Pays-Bas. Les Etats américains ont chacun des attitudes différentes qu’il est intéressant d’analyser pour voir ce qui est favorable et ce qui est défavorable à la santé publique dans l’évolution de la législation, mais au niveau fédéral le cannabis ne peut être légalisé du fait des traités internationaux.

YWS – Vous prônez la nécessité d’ouvrir le débat sur la réduction des risques. La vaporisation est-elle une voie à explorer dans ce sens?

Oui, il faut rappeler sans cesse dans le débat l’objectif de réduire la consommation et les risques du cannabis dans un pays champion d’Europe de la consommation, qui de plus utilise la forme la plus toxique. La France consomme surtout de la résine, la forme la plus toxique du cannabis car c’est la plus facile à trafiquer.
La légalisation ouvre la porte aux consommations à moindre risque (qui ne doit en rien favoriser la consommation). L’utilisation de l’herbe permet de fumer sans tabac, ce qui est important pour éviter que les ex-fumeurs ne rechutent en tabagie. L’utilisation de plantes à fumer telle que décrite dans le code de la santé depuis 2016 permet également de consommer de la résine de cannabis sans tabac. Malheureusement l’enregistrement de ces substances à l’ANSES est administrativement contraignant et aucun producteur n’a à ce jour demandé l’enregistrement d’un produit.
La vaporisation, soit de feuille de cannabis dans des gros vaporisateurs, soit de cannabinoïdes dans un petit vaporisateur permet de réduire certains risques de la consommation de cannabis, mais la cartographie exacte des effets des plus de 60 cannabinoïdes existants dans la fumée de cannabis reste à établir, afin que le consommateur puisse précisément prédire l’effet du produit qu’il prend.

YWS – Vous avez écrit sur votre blog de Huffintonpost que « les actions de prévention sont grandement gênées par le statut illégal du cannabis en France ». Que voulez-vous dire par là exactement?

Chez les jeunes, la difficulté de faire de la prévention est en partie liée au caractère illégal du produit alors que plus de 50.000 sites internet expliquent comment cultiver son cannabis et en font la promotion. La prohibition nuit gravement à la prévention chez les jeunes.
En milieu de travail, il en est de même : la pénalisation du cannabis nuit gravement à la prévention, en particulier chez tous les salariés en poste de sureté ou de sécurité. Les chefs d’entreprise ont une obligation de résultat mais une interdiction de moyen! Le paradoxe d’une substance illégale, alors que par exemple pour l’alcool, le code du travail précise comment il est possible de mettre en place des mesures préventives pour les employés en poste de sureté et de sécurité et d’inscrire la consommation d’alcool dans le règlement intérieur pour la contrôler de façon pragmatique adaptée à chaque entreprise. Il en sera de même pour le cannabis, le jour où ce produit sera légal.

YWS – Vous parlez souvent des jeunes dans vos réponses sur la consommation du cannabis, cependant il est bien connu que l’usager du cannabis se trouve dans toute tranche d’âge, dans tout niveau social ou d’études… Si l’on fait la prévention depuis la jeunesse, croyez-vous que l’on réduira la consommation des majeurs?

Oui, il faut toucher les adolescents et les jeunes adultes mais aussi proposer à tout âge des alternatives et des portes de sortie de la consommation chronique de cannabis. La prohibition bien loin de régler des problèmes les multiplient et les aggravent.

YWS – Quelle est votre position sur l’utilisation thérapeutique du cannabis ? Il y a la place pour ce terme dans votre spécialité, la pneumologie?

Je pense que le cannabis n’est pas plus thérapeutique que le café. Le cannabis peut comme le café soulager certains symptômes, mais les demandes de « cannabis thérapeutique » n’ont en fait pour seul objectif que de contourner la prohibition.
Si la consommation de cannabis était légale, personne ne demanderait le « cannabis thérapeutique », comme personne ne demande le « café thérapeutique » alors que le café fait aller à la selle, soulage les migraines, réveille le matin, etc. Mais le café est disponible partout, rendant totalement inutile la demande du café thérapeutique. De façon général le ratio risque-bénéfique est négatif pour le cannabis.
Mais je reconnais que dans une société totalement bloquée dans la prohibition cette voie du cannabis thérapeutique a été utilisée par certains états comme une manipulation tactique, comme une étape pour conduire à la légalisation comme l’a fait par exemple la Californie avant de passer à la légalisation.

YWS – Les produits de synthèse à base du cannabis représentent un danger qui vous préoccupe en lisant vos déclarations sur le sujet. Au jour d’aujourd’hui que c’est que l’on sache sur ses effets dans la santé, et plus particulièrement dans nos poumons, votre domaine ?

Je suis préoccupé car il manque beaucoup de données scientifiques, il faut en réduire le nombre et faire une bonne synthèse de chacun avant que l’on puisse les recommander pour l’un ou l’autre usage. Il y a le pire et le meilleur dans ces produits de synthèse, mais je ne suis vraiment pas spécialiste à ce jour et avoir des informations précises est encore difficile.

YWS – Quel es le message clef que vous essayez de faire entendre en France au sujet du cannabis?

La situation de prohibition actuelle est en blocage complet et est la cause de l’intensité des trafics en France, est la cause de la première place de la France en Europe pour la consommation des jeunes. Une position purement morale totalement coupée de la réalité n’est plus tenable. Plus de 84% des français n’en veulent plus. On peut espérer que le prochain Président(e) saura ouvrir le débat et dans le calme, avec les garde-fous nécessaires, saura cheminer vers une autre organisation qui selon moi devrait être la « légalisation contrôlée de cannabis » décidée au sein d’un plan de réduction des consommations et des risques cannabiques. Il n’est pas possible de laisser se poursuivre la catastrophe sanitaire et sociétale actuelle liée à la prohibition du cannabis sans agir.

 

[ENTREVISTA TRADUCIDA]
Bertrand Dautzenberg: “Je pense que le cannabis n’est pas plus thérapeutique que le café”

Profesor de Neumología, del grupo hospitalario Pitié-Salpêtrière de París, Bertrand Dautzenberg enseña Neumología y Tabacología en la Universidad Pierre y Marie Curie-Paris VI. Ha presidido diferentes asociaciones de lucha contra el tabaco. Es el autor de doce libros sobre esta temática y de dos informes para el gobierno sobre el tabaquismo pasivo y el e-cigarrillo. Defiende la legalización del cannabis como medida para salir del callejón sin salida actual y para hacer bajar el consumo, el verdadero objetivo, según él.

YWS – ¿Cuál es su diagnóstico sobre la situación en Francia con respecto al cannabis?

Francia está totalmente bloqueada desde hace décadas en su lucha contra el cannabis, que es un producto totalmente prohibido. Soy médico neumólogo, implicado desde hace más de 30 años en la lucha contra el tabaco, que ha tenido sus altos y sus bajos. Pero a pesar de las dificultades, la combinación de las medidas tomadas condujo globalmente a dividir por dos el consumo de tabaco y a reducir la iniciación entre los jóvenes. Esta lucha está justificada por la Sanidad Pública, porque a pesar de que el tabaco casi no tiene efectos psicoactivos, es el único producto de consumo corriente que mata a la mitad de sus fieles consumidores. Así, el consumo de este producto legal disminuye progresivamente gracias a la combinación de numerosas medidas, a pesar del lobby de los productores de tabaco.

Aunque lamento que en Francia esta disminución del tabaquismo no vaya más rápido, jamás he pedido la prohibición del tabaco porque es totalmente ineficaz. La vía de la prohibición impediría controlar los productos, controlar a los productores y los circuitos de venta, hacer prevención y ayudar eficazmente al abandono del tabaco.

Esta vía de la prohibición es sin embargo la política oficial de Francia en 2017 para el cannabis, a pesar de la acumulación de las pruebas de su fracaso. En Francia, desde 1991 y la ley Evin contra el tabaco y el alcohol, se condujo a una disminución del 50% del tabaquismo (droga legal), del 30 % del consumo de alcohol (producto legal) mientras que en el mismo período, ¡el consumo de cannabis (que está penalizado y cuyo comercio es ilegal en Francia) aumentó el 60 %!

“El sueño de los traficantes de cannabis es tener un régimen muy represivo”

YWS – ¿La prohibición es un fracaso entonces?

Sí. La prohibición, lejos de zanjar el problema de Sanidad Pública, lo agrava y además plantea otros problemas considerables vinculados al tráfico. El sueño de los traficantes de cannabis es, en realidad, tener un régimen muy represivo, del que Francia es uno de los modelos en Europa. Esto explica que Francia sea, junto con la República Checa, el país de Europa donde se consume más cannabis. Todos los que tienen una mirada fáctica y no moral sobre el problema del cannabis en Francia están a favor de su salida de la penalidad. La prohibición no es una solución para luchar contra sustancias tan masivamente consumidas por la población general, porque objetivamente favorece el tráfico y los efectos perjudiciales del producto.

En términos de Sanidad Pública es indispensable luchar eficazmente contra el cannabis, cuyo consumo regular se extiende en Francia. El humo, como del tabaco, es responsable de enfermedades respiratorias y cardiovasculares, de cánceres… El cannabis altera las funciones cognitivas, en particular entre los adolescentes. Su consumo favorece la aparición de la esquizofrenia y como el alcohol, aumenta el riesgo de accidentes de circulación.

Luchar por fin eficazmente contra el cannabis es una necesidad de Sanidad Pública que necesita salir de una visión puramente moral, que ya ha fracasado.

YWS –  Usted ha declarado abiertamente querer un cambio de legislación. En su opinión, ¿cuál es el camino a seguir?

La gran mayoría de los franceses admite ahora que los 100 años de guerra contra el cannabis son un fracaso (¡la prohibición del cannabis data en Francia de 1916!). La mayoría de franceses piensa que hay que cambiar la legislación, y estoy plenamente de acuerdo, pero posiblemente he ido un poco más lejos en las posibles soluciones.

  • La vía del cannabis medicinal seduce a algunos, pero no es para mí la más satisfactoria porque da a entender que el cannabis es “bueno para la salud”, mientras que la relación beneficio-riesgo del cannabis se inclina claramente del lado del riesgo.
  • La vía de la despenalización no está para nada en el orden del día del legislador francés, pero en los hechos, los simples consumidores raramente son perseguidos, creando un foso entre la ley penal y su aplicación. La despenalización no cambia en nada el problema de la oferta, no permite reducir el tráfico, no permite reducir los daños sino parcialmente y no permite desarrollar la prevención de modo óptimo. En el mejor de los casos es sólo una etapa, un daño menor comparado con la prohibición actual.
  • La vía de la legalización controlada plantea problemas jurídicos porque los tratados internacionales lo prohíben. Las presidencias chinas y rusas, en particular, como muchos estados poco o nada democráticos se oponen violentamente a la legalización y no quieren abrir brechas en los tratados internacionales que prohíben este comercio. La legalización controlada, de modo similar a la que existe con el tabaco, permite el desarrollo de la prevención entre los jóvenes, en el medio laboral y en la sociedad; el control de los productos en el mercado y la información a los consumidores; la reducción de los daños, del tráfico y, a largo plazo, la reducción del consumo. Esta vía es de lejos mi preferida.
  • La vía de la legalización sin reglas es sostenida por un pequeño número de consumidores ruidosos que no quieren ninguna regla, lo que inquieta con justa razón a la mayoría de franceses y a todos los actores de la Sanidad Pública. En los hechos, estas peticiones, como del otro lado la actitud moralista de la prohibición, son obstáculos que impiden la evolución hacia una solución eficaz de reducción de los daños del cannabis.

YWS – En todos los casos, el punto de partida sería debatir abiertamente y poder escuchar todas las voces de la sociedad civil implicadas. ¿Por qué cree que es tan difícil el debate sobre este tema en Francia?

  1. El problema en Francia del debate público sobre el cannabis es complejo. He aquí algunos obstáculos encontrados :
  2. Un porcentaje muy pequeño de activistas quiere la libertad total sin ninguna limitación y hacen apología del cannabis como un bien universal. El efecto de su discurso es 100% contraproductivo, choca a la sociedad y es un importante freno a la legalización del cannabis. Es necesario que acepten los compromisos si quieren cambiar las cosas.
  3. El ejemplo de los inversores de Wall Street o del Estado de Colorado que quieren desarrollar el consumo del cannabis para conseguir beneficios y aumentar los ingresos fiscales es un paso poco virtuoso que no hay que seguir. Hay que llevar la legalización del cannabis con un pilotaje de Sanidad Pública y no fiscal o financiero.
  4. Los políticos tienen una “posición blanca o negra” cuando hablan en público y hay una cámara delante. Cuando están fuera de micro aceptan hablar de matices grises. Los medios de comunicación confiscan el debate político sobre la legalización del cannabis e impiden toda evolución, caricaturizando las posiciones, simplificando al extremo un debate que necesita del matiz. La sociedad civil debe imponer este debate que no puede ser del “bien contra el mal”.
  5. Explicar que se quiere la legalización, no para favorecer sino para reducir el consumo, es un mensaje que se vuelve progresivamente audible.

YWS – ¿Por qué, según usted, los médicos (y en particular los neumólogos) son los que están mejor posicionados para abrir este debate?

Los médicos de órganos son más creíbles que los especialistas de las adicciones, los psiquiatras o los no médicos, porque son menos sospechosos de querer favorecer el consumo de estos productos que producen daños. El debate sobre la prohibición del cannabis debe pasar del debate moral al pragmático, basado en lo existente y en los objetivos a alcanzar: la reducción de los daños y del consumo del cannabis.

YWS – La inmensa mayoría de los responsables no se pronuncian sobre la modificación de la legislación de 1970 hasta que se acercan las elecciones presidenciales. Ahora vemos en el programa de varios candidatos propuestas para regular el mercado, como se hizo con el sector del tabaco. ¿Le convence alguna de las propuestas? ¿Cuál sería su modelo de legislación del cannabis si usted fuera el responsable?

Lo importante es que todos aceptan que la situación actual no es defendible. Frente a esta situación insostenible algunos tienen una actitud moral todavía en la línea del 100% prohibición; otros aceptan tomar en consideración la realidad de los hechos y de lo que viven los franceses a diario, no son hostiles hacia una evolución profunda de la legislación que pueda conducir hacia una legalización a largo plazo.

El modelo exacto de evolución debe ser construido cerca del terreno, de modo no demasiado teórico y apoyándose en las experiencias extranjeras más pertinentes.

YWS – ¿Como por ejemplo? Portugal, España, Holanda, EEUU, Uruguay…

Portugal despenalizó todas las drogas y dedica una gran parte de las sumas utilizadas en la represión, a la reinserción de los consumidores: un éxito a lo largo de las décadas. España abrió la vía de los “Cannabis Club” donde grupos, a veces importantes, producen para los miembros del club y consumen entre ellos: también un éxito con relación a Francia. Los Países Bajos despenalizaron el uso del cannabis conservando la prohibición del comercio. ¡En el plano legal los coffee-shops tienen derecho a vender, pero no a abastecerse! Una situación que deja la puerta abierta a los circuitos mafiosos, pero que condujo a una bajada del consumo y de los perjuicios del cannabis en los Países Bajos. Los estados americanos tienen cada uno actitudes diferentes susceptibles de ser analizadas, para ver lo que es favorable y lo que es desfavorable para la Sanidad Pública en la evolución de la legislación, pero al nivel federal el cannabis no puede ser legalizado a causa de los tratados internacionales.

“La vaporización permite reducir ciertos riesgos”

YWS – Usted predica la necesidad de abrir el debate sobre la reducción de riesgos. ¿La vaporización es una vía que hay que explorar en este sentido?

Sí, hay que recordar sin cesar en el debate que el objetivo es reducir el consumo y los riesgos del cannabis en un país campeón de Europa en este aspecto y que además utiliza la forma más tóxica. Francia consume sobre todo resina, la más fácil de traficar.

La legalización abre la puerta a los consumos de menor riesgo, pero no debe para nada favorecerlos. La utilización de la hierba permite fumar sin tabaco, lo que es importante para evitar que los ex-fumadores recaigan en el tabaquismo. El uso de plantas que se fuman, tal y como se describe en el Código de la Salud desde 2016, también permite consumir resina de cannabis sin tabaco. Desgraciadamente, el registro de estas sustancias en el ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation) es tan complejo administrativamente que ningún productor a día de hoy ha pedido el registro de un producto.

La vaporización, ya sea hoja de cannabis en vaporizadores grandes o cannabinoides en un pequeño vaporizador, permite reducir ciertos riesgos del consumo de cannabis, pero la cartografía exacta de los efectos de los más de 60 cannabinoides existentes en el humo del cannabis todavía no se ha establecido, por lo que el consumidor no puede saber de forma precisa el efecto del producto que toma.

YWS – Usted escribió en su blog de Le Huffington Post que “las acciones de prevención eran impedidas en buena parte por el estatuto ilegal del cannabis en Francia”. ¿A qué se refiere exactamente?

Entre los jóvenes, la dificultad de la prevención está en parte ligada al carácter ilegal del producto, mientras que más de 50.000 páginas en Internet explican cómo cultivar cannabis y hacen promoción. La prohibición perjudica gravemente a la prevención entre los más jóvenes.

En el medio laboral ocurre lo mismo: la penalización del cannabis perjudica gravemente a la prevención, en particular entre todos los asalariados en puestos de protección o de seguridad. Es la paradoja de una sustancia ilegal, mientras que por ejemplo con el alcohol, el Código del Trabajo precisa cómo establecer medidas preventivas para los empleados y cómo inscribir el consumo de alcohol en el reglamento interior para controlarlo de modo pragmático y adaptado a cada empresa. Será lo mismo para el cannabis, el día que este producto sea legal.

YWS – Usted a menudo habla de los jóvenes en sus respuestas sobre el consumo del cannabis, sin embargo es bien conocido que el usuario del cannabis se encuentra en todo grupo de edad, en todo nivel social o de estudios. ¿Si hacemos la prevención desde la juventud, usted cree que se reducirá el consumo de los mayores?

Sí, hay que hablar de los adolescentes y de los adultos-jóvenes, pero también proponer a todas las edades alternativas y salidas al consumo habitual de cannabis. La prohibición, muy lejos de zanjar los problemas, los multiplica y los agrava.

YWS – ¿Cuál es su posición sobre la utilización terapéutica del cannabis? ¿Hay sitio para este término en su especialidad, la neumología?

Pienso que el cannabis no es más terapéutico que el café. El cannabis puede, como el café, aliviar ciertos síntomas, pero las peticiones de “cannabis terapéutico” tienen de hecho como solo objetivo esquivar la prohibición.

Si el consumo de cannabis fuera legal, nadie pediría “cannabis terapéutico”, como nadie pide “café terapéutico” a pesar de que el café hace ir al váter, alivia las jaquecas, despierta por la mañana, etc. Pero el café está disponible por todas partes, haciendo totalmente inútil la petición del café terapéutico.

De un modo general, el ratio riesgo-beneficio es negativo para el cannabis. Pero reconozco que en una sociedad totalmente bloqueada en la prohibición, esta vía del cannabis terapéutico ha sido utilizada por ciertos estados como una manipulación táctica, como una etapa para conducir a la legalización como lo hizo por ejemplo California.

“No es posible proseguir con la catástrofe sanitaria y social actual vinculada a la prohibición del cannabis sin actuar”

YWS – Los productos de síntesis a base de cannabis representan un peligro que le preocupa mucho, leyendo sus declaraciones sobre el tema. ¿Qué se sabe hoy en día sobre sus efectos en la salud, y más particularmente en nuestros pulmones, su especialidad?

Estoy preocupado porque faltan muchos datos científicos, hay que reducir el número y hacer una buena síntesis de cada uno antes de que se puedan recomendar. Encontramos lo peor y lo mejor en estos productos de síntesis, pero no soy verdaderamente especialista a día de hoy y obtener informaciones precisas es todavía difícil.

YWS – ¿Cuál es el mensaje clave que usted trata de hacer oír en Francia respecto al cannabis?

La situación de prohibición actual es de bloqueo completo y es la causa de la intensidad del tráfico en Francia y de que el país ocupe el primer lugar de Europa en cuanto al consumo de los jóvenes. Una posición puramente moral totalmente apartada de la realidad y que ya no es defendible. Más del 84% de los franceses ya no está de acuerdo. Podemos esperar a que el próximo Presidente o Presidenta sepa abrir el debate y, en calma, con las precauciones necesarias, sepa caminar hacia otra dirección, que según mi punto de vista debería ser la legalización controlada del cannabis, decidida en el seno de un plan de reducción de los consumos y de los riesgos cannábicos. No es posible proseguir con la catástrofe sanitaria y social actual vinculada a la prohibición del cannabis sin actuar.

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Nous ne sommes pas responsables de l’utilisation illicite qui pourrait être faite par des tiers des informations publiées ici. La culture du cannabis pour l’autoconsommation est une activité soumise à certaines restrictions légales qui varient d’un État à l’autre. Nous recommandons de revoir la législation en vigueur dans le pays de résidence pour éviter d’encourir l’exercice d’une activité illégale.

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